Sr Madeleine est décédée le 19 octobre 2023 à Lorient, à l’âge de 83 ans, dont 62 ans de vie religieuse.
Ses obsèques ont eu lieu le 21 octobre à la chapelle, Kermaria.
Famille de Madeleine, Marie-Anne, chacune et chacun de vous, Sœurs, amis, relations du quartier et d’ailleurs :
Qui d’entre nous sera étonné de découvrir à ses côtés son petit sac à dos, son bâton et ses chaussures de marche ?
Femme de la marche, femme des rencontres, simple, discrète, respectueuse des personnes, souriante, à l’écoute des paroles et des situations qui la faisaient chercher, bouger, souvent avec audace quand il s’agit de personnes dans le besoin.
Née le 13 mars 1940 à Languidic, 5° de la fratrie, en terroir de langue bretonne. A l’école du Hameau St Donatie : la route familiale est déjà marquée par des traversées éprouvantes ; le Papa de Madeleine est malade ; quand il décède elle a seulement 9 ans.
La présence de ses frères et sœurs est importante pour elle et sa maman, au travail de la ferme.
« Ce que le cœur veut met les jambes en marche . » dit le proverbe.
Au collège à Caudan, chez les sœurs du St Esprit, un événement déterminant survient, inattendu.
En partage de communauté, quand Madeleine témoigne de son choix de s’engager en Vie religieuse, elle raconte l’étonnante « Parole entendue qui a tout orienté pour elle ».
« La vocation à la VR c’est simple. C’est l’Amour. Aimer tout simplement ! »
Son chemin est ouvert, l’horizon est ouvert, large, et appelant.
Après le noviciat chez les Filles de Jésus, Madeleine est en marche.
En bonne randonneuse, elle cherche les bonnes balises.
Pendant une dizaine d’années, institutrice, elle expérimente l’accompagnement des jeunes enfants à Plumelin, Locminé. C’est à cette période que la famille vit une grande douleur familiale : la mort brutale de Roger son frère, mari de Marie-Anne, père de ses 4 enfants. Nous pensons à vous tous présents aujourd’hui .
Puis, un peu plus au large hors Bretagne, à Cour-Cheverny et Contres, une nouvelle insertion lui fait connaître la recherche d’emploi. Devenue Aide-ménagère, elle découvre et s’enrichit de nouvelles relations, de dures réalités de travail. En intervention à domicile, elle collecte des trésors de vie, parle des anecdotes qui l’ont marquée dans les foyers fréquenté .
Aller un peu plus avant encore, est-ce possible ?
Après 2 années de formation d’aide-soignante à Chartres, Madeleine devient salariée de l’hôpital de Chartres en gériatrie. Dans les années 85-93, les conditions de travail y sont très difficiles.
En équipe, il faut se dépasser, se surpasser pour faire l’impossible au quotidien : coûte que coûte, soigner, réconforter, accompagner, saisir la moindre beauté des visages, des histoires de vie.
A Chartres avec ses sœurs, ensemble vivent-elles sous le signe de la beauté de la Cathédrale ? de ses sculptures, de ses vitraux ?
Apprendre à toujours s’émerveiller des petits détails de la vie qui en disent beaucoup, des petites choses, c’est un essentiel dans son sac à dos.
De retour en Bretagne, en 1993, elle rejoint la communauté Capitaine Rossel à Lorient, et travaille à l’association Perrine Samson auprès de ses sœurs du Bouëtiez qu’elle aime beaucoup .
Prendre soin, honorer l’humanité quand elle est blessée, c’est son cap !
Femme de la marche, Madeleine, tu es aussi femme des pauses à la source. Silencieuse, priante, contemplative. En mouvement ou en réflexion, tu orientes tes choix.
Pour préparer le temps de retraite qui arrive, tu commences une formation de bénévole à L’ASP au Divit, Association pour les Soins Palliatifs. Nous sommes témoins alors d’une incroyable disponibilité, répondant aux appels de jour comme de nuit, d’une écoute tellement fine des petits signes recueillis aux côtés des personnes en fin de vie, que tu présentes délicatement à la prière communautaire le soir .
Tu marches dans le quartier de Kervénanec de Lorient, yeux, oreilles, mains ouvertes, heureuse de partager encore de nouveaux chemins : à la Maison pour Tous : aide aux devoirs pour les enfants, le soir ; participation aux actions de quartier : fêtes des voisins, Carnaval, à la CSF – Confédération Syndicale des Familles – où tu seras trésorière de la section de Kervénanec.
Un coup d’mains demandé ? Madeleine est toujours là !
Rencontres-choc : Avoir faim ici ! Ne pas avoir de quoi manger ! Des bonnes volontés sont à l’œuvre. Invitée, Madeleine invite aussi pour la Banque Alimentaire .
C’est ainsi que se tissent des liens de grande amitié avec Alberte son amie au cœur immense qui vient de nous quitter fin septembre. Elles deviennent comme 2 compagnons d’Emmaüs à Kervénanec, en assos et en groupe rando. Beaucoup de marcheurs et marcheuses deviendront des soutiens bienveillants et aidants.
En effet, bientôt, tu partages tes questionnements sur ce qui t’inquiète, te gêne de plus en plus : de brusques problèmes d’orientation, des problèmes de mémoire.
Femme courage, tu commences un grand chemin vers le monde médical dans l’accompagnement des maladies Alzheimer.
« C’est nommé » disais-tu. Je préfère savoir ».
Tu en parles dans ton groupe ACO du quartier (Action Catholique Ouvrière ), dans ton groupe FEDEAR (Fédération des équipes de religieuses apostoliques).
Des amis, des sœurs, des voisins sont veilleurs au fil des années, et te permettent d’avancer, de rentrer à la maison quand ça devient plus compliqué.
Tu exprimes tes désirs, précieusement entendus à l’hôpital de jour.
En 2015, l’espace de la tente communauté s’élargit vers l’Ehpad du quartier de Kervénanec . Lieu de soins, lieu de vie : chemins croisés de résidents, de familles, de professionnels.
Nouvel espace où des équipes attentives et bienveillantes, des proches, prennent désormais soin de toi, jusqu’à ce mercredi où se mettait en place pour toi les soins palliatifs. L’équipe des bénévoles présente à l’Ehpad pour la célébration mensuelle venait de chanter et prier auprès de toi dans ta chambre. L’équipe à peine partie, les soignants ont accueilli avec douceur ton dernier souffle.
Madeleine, pendant des longues années, tu nous as invités dans ton espace sacré.
Nous n’avons pas toujours su ôter nos chaussures pour y entrer, et deviner le feu qui brûle d’amour en silence.
Mais nous le savons un peu plus par toi, toute femme, tout homme est une histoire sacrée.
MERCI Madeleine !
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