Sr Aline est décédée le 14 février à la Sainte Famille de Kermaria, à l’âge de 92 ans, dont 73 ans de vie religieuse.
Ses obsèques ont été célébrées le17 février 2024 en la chapelle de Kermaria.
Nous sommes réunis pour dire au revoir à Aline qui nous a quittés le mercredi des Cendres, ce 14 février. Elle avait reçu deux jours auparavant le sacrement de l’Onction des malades. A sa famille, à ceux qui sont ici comme ceux qui n’ont pu se déplacer, nous disons notre sympathie et nous vous assurons de notre prière.
Aline est née le 5 décembre 1931 à la Croix Helléan dans le Morbihan, dans une famille de cultivateurs. Elle est la dernière de la fratrie de 11 enfants
A l’âge de 18 ans, Aline entre à Kermaria. Elle fait profession le 4 août 1950, sous le nom de Sr Marie Paul de la Croix. Aline est restée très attachée à sa famille, ses frères et sœurs, ses neveux et nièces, petits neveux et petites nièces. A tous, qu’ils soient là ou non, nous présentons nos condoléances et l’assurance de notre prière.
Aline commence sa carrière d’enseignante au Sacré Cœur de Vannes. Tout en enseignant, elle poursuit ses études : baccalauréat, des certificats d’exercice en mathématiques, en sciences, en anglais, 2 ans de théologie et enfin 2 ans à l’institut supérieur de pastorale catéchétique à Paris. Aline enseignera ensuite en collège à Ploërmel, Plouay, Locminé et Pontivy. Elle optera ensuite pour l’activité pastorale et dans les années 70, elle est responsable du catéchuménat à Lorient.
C’est en 1979 qu’elle est appelée au Chili, pendant et après la dictature de Pinochet. Elle est destinée à la formation de jeunes à la vie religieuse mais, pour bien connaître la culture chilienne, la congrégation l’envoie tout d’abord à Tucapel, à 500 km au sud de la capitale Santiago, dans la première communauté fondée par les Filles de Jésus en 1968. Elle y reste pendant 4 ans.
En raison de sa mission dans la formation de jeunes Chiliennes à la vie religieuse chez les Filles de Jésus, elle fonde en 1983 avec une autre sœur la communauté de Lo Prado à Santiago, où elle est chargée des novices. Tout en commençant sa tâche de formatrice, elle s’investit dans la pastorale du secteur de Santiago où vit la communauté du noviciat, à la paroisse Christ d’Emmaüs. Dans les débuts de cette communauté, en raison de la dictature, beaucoup d’activités sociales, situées en temps ordinaire dans divers lieux du quartier ou d’ailleurs, relevaient de la paroisse. Aline, qui ne participait pas directement aux manifestations dirigées contre le régime, soutenait sa compagne qui sortait davantage, et animait des ateliers où elle formait des laïcs au travail social, à la catéchèse ou à d’autres tâches paroissiales. Elle visitait aussi les personnes chez elles. Son sens de l’humour et sa simplicité la faisaient apprécier et les personnes qu’elle a contribué à mettre debout se souviennent encore d’elle avec beaucoup de gratitude. La formation pour la catéchèse, faite en France, l’aidait beaucoup.
Une fois dégagée de sa mission de maîtresse des novices, en 1990, à la période où commençait la démocratie, elle a été sensible à une proposition faite en 2005 de faire partie d’une équipe qui accompagnait une dizaine de jeunes hommes atteints par le virus du Sida. La maison qui les accueillait était située à Peñaflor, à vingt-cinq kilomètres du secteur de Cañada Norte où se trouvait la communauté, à l’Est de Santiago. A cette période beaucoup en mouraient. La mort de la plupart des porteurs du virus l’a beaucoup marquée mais, tant qu’elle sentait que sa présence était importante dans un contexte où elle a pourtant vécu des moments très difficiles, elle a continué ce va-et-vient hebdomadaire. Elle vivait à la communauté des Filles de Jésus et continuait à s’occuper des groupes de formation de laïcs qu’elle avait mis en route petit à petit à partir de 1983.
Aline a mis beaucoup d’enthousiasme dans tout ce qu’elle a accompli au Chili,. Elle s’est mobilisée notamment pour secourir avec d’autres personnes une femme arrivée du Rwanda enceinte qui fuyait le génocide. Elle agissait ainsi parce qu’elle était animée par le désir d’apporter sa pierre à la construction d’un monde moins injuste. En échange, elle recevait des Chiliens ce qu’ils lui communiquaient de leur manière d’être et de faire.
C’est en 2009 qu’elle quitte le pays, en grande partie à cause de ses problèmes de mémoire qui devenaient handicapants. Quelques semaines avant sa rentrée définitive en France, un de ses neveux est venu filmer quelques aspects de la réalité qu’elle y vivait et ce petit film a pu être projeté à plusieurs reprises en France pour la faire connaître à ses proches et aux personnes que cela intéressait.
Aline rejoint alors la communauté de la rue Maréchal Foch à Vannes, puis, lors de la fermeture de cette communauté, la communauté Pierre Noury à Kermaria. C’est en février 2023 qu’elle arrive à la Ste Famille. Elle souffre du dos et vit une solitude relationnelle qui lui pèse certainement beaucoup. C’est avec une grande joie qu’elle reçoit les visites de sa famille.
Merci beaucoup, Aline, pour tout ce que tu as donné, notamment au Chili. Que ta prière pour la paix dans ce pays toujours en lute contre la pauvreté, puisse être exaucée en ce moment où les incendies ont tellement affecté les familles pauvres de bien des quartiers !
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