Messe de sépulture de Sœur St Michel Thocaven
Vaylats 3 mai 2017
Sœur St Michel, Marie-Germaine Thocaven, vous êtes née au Vigan, dans le Lot, en 1924 dans une famille plutôt nombreuse, vous aviez 2 frères et 2 sœurs. Les liens familiaux ont eu une grande place dans votre vie. Bien enracinée dans une famille solide, unie et chrétienne un projet de vie religieuse pouvait y trouver sa place, se développer et grandir.
Non pas un projet qui sépare du monde et enferme derrière des murs, mais au contraire, une vie donnée au service de ses frères et en particulier les plus fragiles. Votre tempérament fort et déterminé, votre cœur ouvert à toute détresse vous ont permis d’entendre l’appel du Christ. Un appel à tout quitter pour lui, à aimer et à donner sans condition ; vie reçue, vie donnée, vie livrée…
A 17 ans, avec la fougue de la jeunesse et la passion du Christ, vous choisissez la Congrégation des Filles de Jésus à Vaylats,
« Faisant mémoire dans l’action de grâce du charisme de nos Fondateurs, nous voulons entrer dans le dynamisme de l’Esprit de Jésus qui les a mis en route et renouveler notre désir de poursuivre dans le monde d’aujourd’hui ce qu’ils ont commencé.» Règle de Vie
En 1944, après votre premier engagement, vous êtes envoyée à Port Ste Marie au service des enfants en assurant la cuisine à l’école. Nous savons combien la cuisinière est à un poste clé au cœur d’une Institution. La cuisine reste le lieu privilégié pour l’écoute, l’accueil, l’attention respectueuse et délicate aux petits et grands maux. Vous étiez à Port Ste Marie au moment où la guerre sévissait en France. Vous nous racontiez, il y a quelques temps, avec encore une certaine émotion, les prouesses que vous aviez dû faire, à bicyclette, pour aller chercher un peu de farine, fabriquer quelques galettes et nourrir les élèves. Vous avez parfois risqué votre vie pour aller, en cachette, récupérer du pain chez le boulanger, votre ami et donner à manger aux enfants qui vous étaient confiés. On sentait déjà votre grand cœur prêt à tout donner pour les autres.
« Les Sœurs chargées des enfants pauvres doivent montrer d’autant plus de tendresse pour ces enfants qu’ils ont moins de ressources. »
C’est à Castejaloux où vous restez de nombreuses années que vous déployez une attention particulière aux plus fragiles, aux plus démunis, aux plus défavorisés.
« Les Soeurs seront enflammées de l’amour de Dieu, ne respireront que sa gloire et brûleront du désir le plus ardent de la procurer. Elles se revêtiront de la charité de
Jésus-Christ même, pour l’exercer envers tous les malheureux qui leur seront confiés : enfants, vieillards, malades ou infirmes. »
Combien d’enfants et de jeunes ont trouvé auprès de vous une confidente, mais aussi une éducatrice exigeante sachant manier douceur et fermeté. Vous saviez donner avec un cœur libre l’affection dont chacun a besoin pour grandir, se mettre debout et prendre sa vie en main.
« L’amour véritable reconnait l’autre dans sa dignité, le respecte pleinement et lui permet de grandir dans l’autonomie et la liberté. Cet amour nous le vivons dans le célibat consacré qui ne nous donne de droit sur personne, qui nous libère et nous rend disponible. » R. de Vie
En mission à Monsempron, puis en retraite professionnelle, j’étais toujours surprise et heureuse de voir, à la Communauté, des jeunes couples, des jeunes adultes venant confier une situation difficile, une souffrance trop lourde ou difficile à assumer seul. Et là, auprès de la Communauté, ils étaient sûrs de trouver une oreille attentive et compatissante.
Peu à peu, les soucis de santé sont venus bousculer votre et vous demander d’entreprendre un chemin de désappropriation dans lequel il est toujours difficile d’entrer Il fallait quitter un lieu, une mission, des amis pour rejoindre la Communauté de Vaylats que vous aimiez, mais il fallait consentir à perdre une certaine autonomie, à lâcher-prise… C’est toujours un combat difficile à mener même si nous expérimentons que la rencontre de Dieu se fait à travers ce combat.
Malgré toute la dépendance que vous avez dû accepter, Sœur St Michel, vous avez été pour vos Sœurs et pour les soignants un beau témoignage d’une vie vécue jusqu’au bout avec une force de vie et un enthousiasme extraordinaire. Votre humour nous surprenait toujours, votre visage souriant et ouvert nous faisait du bien.
Vous avez été accompagnée, soutenue, aimée par votre famille et vos amis fidèles. Le beau témoignage de vie que vous nous laissez va nous accompagner, donner sens à ce que nous sommes appelées à vivre.
Vous aviez entendu et vous avez vécu parfois jusqu’à l’extrême l’appel du Pape François à aller aux périphéries, à ouvrir l’Eglise aux plus pauvres, à vivre dans une Eglise pauvre avec les pauvres.
Vous étiez souvent entourée de jeunes, vous aimiez la Congrégation et particulièrement les jeunes Sœurs sur tous les continents. Que votre vie donnée soit un appel pour répondre au « Viens, suis moi » que leur adresse le Christ.
Unies à toutes nos Sœurs Filles de Jésus près de nous ou au loin, unies à votre famille dans la peine, unie à ceux que vous avez aimés, accompagnés, que la lumière de Pâques donne sens à ce que nous vivons avec vous aujourd’hui.
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