Sœur Ruthina Francis, Fille de Jésus en Afrique, nous raconte son expérience du virus sans frontières.
Quelle joie après une assemblée de province, riche en partages, réflexions et célébrations de repartir du Cameroun pour la Côte d’Ivoire, afin de retrouver ma nouvelle mission.
Avant de voyager, nous étions dans l’obligation de faire un test PCR, un jour avant notre départ. C’était le 7 janvier 2021 à 17h45 précise, à la communauté de Mvolyé à Yaoundé, entourée de quelques Sœurs, que tous mes plans ont été bouleversés. Les résultats de ce test, se sont révélés « positif ». J’étais stupéfaite, les Sœurs m’ont regardée avec tristesse et peur. Pendant quelques secondes nous étions toutes silencieuses. Ma première réaction a été, « Ils se sont trompés au laboratoire. » J’ai douté de la fiabilité de leur analyse. J’étais angoissée et ne pouvais plus réfléchir. Ceci m’a permis de bien comprendre la fragilité de l’homme face à ce virus.
La pauvreté de notre humanité dévoilée
Toute déstabilisée par la peur, j’ai pensé aux milliers de personnes qui meurent de cette maladie à travers le monde. Et moi ? Je me suis sentie vidée de moi-même, j’étais pleine d’anxiété car mon cycle régulier était brisé. Une certaine culpabilité à l’égard de mes Sœurs me dominait, une angoisse de leur transmettre le virus. J’ai aussi pensé à la personne qui m’a transmis le virus et qui peut toujours le transmettre aux autres. Cependant, j’étais angoissée sans être cassée, je devais me laisser transformer.
Un temps de modification et de transformation
Dans toutes ces confusions, le plus crucial était d’abord ma guérison physique et c’était urgent avant d’aggraver la situation. Je me suis soignée en toute confiance utilisant les médicaments naturels à base de plantes de Monseigneur Samuel Kleda l’archevêque et herboriste à Douala, Cameroun. En même temps, il fallait vivre l’isolement, pratiquer les mesures barrières, prendre les médicaments, couper le contact physique des relations extérieures, se laisser servir par les Sœurs, malgré la peur d’inquiéter les autres.
J’ai dû à la fois, chercher et retrouver la paix de Dieu, « qui surpasse toute intelligence ». Dans cette période, la prière a eu une place importante car la planète entière est touchée. C’était un moment de prière pour :
- les personnes portant le virus mais qui ne peuvent pas se soigner à cause du manque de moyens.
- les milliers de victimes qui meurent tous les jours parfois seules.
- les familles confinées dans leur maison.
- les personnes âgées isolées dans les EPHAD.
- les personnes qui ont perdu leur travail.
Je n’ai pas oublié non plus de prier pour le personnel soignant qui prend soin jour et nuit des malades du COVID 19 afin de soulager leurs douleurs et souffrances, de les aider à retrouver une bonne santé. Ils sont comme Simon de Cyrène qui aide Jésus à porter sa croix. J’ai prié aussi pour les chercheurs qui travaillent pour un vaccin efficace.
Un moment de purification
Ce moment m’a permis de vivre jour après jour en toute confiance et humilité, en laissant le Seigneur faire son travail car je ne suis pas au contrôle de ma vie. Ceci en essayant de ne pas laisser l’anxiété saper mon bien être. Les paroles de Mère Marie de St. Charles de 1877 m’habitaient : « Laissez le bon Dieu vous dépouiller de vous-même selon son bon plaisir et vous purifier selon ses desseins ». Elles étaient une bonne leçon pour moi pendant cette période, mais une qui a exigé de la patience, une aide pour supporter les moments difficiles et pour bien évaluer les situations des doutes. C’était un appel aussi pour moi, à bien réagir quand un événement inattendu se présente.
La crise du COVID 19 est pleine d’angoisse et de stress mais une chose est sûre, même dans « la vallée de la mort », le Bon Berger est avec nous. Je peux dire avec “St. Paul qui écrit dans sa lettre aux Philippiens 1:21 «le Christ est ma vie, et la mort m’est un gain ».
Les Sœurs de la communauté de Mvolyé
m’ont bien entourée malgré les gestes barrières.
Bravo à vous toutes qui m’avez aidée
à bien vivre ce moment d’isolement.
Sr Ruthina Francis fj
Côte d’Ivoire
Gracias Rutina por tu testimonio. Entiendo muy bien los sentimientos que experimentaste; porque yo también pase por lo mismo. Comparto contigo que el haber tenido Covid, nos ha llevado a vivir un tiempo de purificación.