Mot d’accueil du 8 novembre 2019
Jeanne est née le 3 novembre 1932 à l’Île de Sein dans une modeste famille. Sa mère était couturière et son père maçon.
Privée trop tôt de l’affection de sa maman, elle portera toute sa vie la profonde blessure de ne pas l’avoir connue, ou si peu, blessure partagée par ses deux frères Clet et Henri.
Sa vie devient une traversée au moment où il faut quitter l’île de Sein pour prendre un autre cap, celui de Cléden Cap-Sizun sur le continent, comme elle aimait le dire. Le décès prématuré de son père sera une nouvelle épreuve pour toute la fratrie.
Entrée au postulat des Filles de Jésus à Kermaria en 1950, puis au noviciat l’année suivante, elle prononce ses premiers vœux le 12 mai 1953 et prend le nom de sœur Marie-Clet de Jésus.
Elle se met au service des enfants durant toute sa vie professionnelle dans l’enseignement primaire, successivement à Plumelec, Locminé, Tréméven, Quimper, Plouay, Lignol, Houat et Carhaix. Elle est particulièrement attirée par les enfants en difficulté, les plus fragiles, soucieuse de susciter les capacités de chacun et de leur donner confiance. Elle fait également une expérience comme animatrice en pastorale à Rouen durant quatre années.
En 1993 au moment de sa retraite, elle a la grande joie de retourner à Houat où elle avait déjà noué de profondes amitiés, et s’engage dans divers services paroissiaux. Puis en 2001, elle vivra 13 années à Châteaulin dans un quartier populaire où elle continue de cultiver le goût des rencontres simples, proches et fraternelles avec les gens du quartier. En 2014, elle est appelée pour un projet de nouvelle communauté sur Quimper, et retrouve le quartier de Ste Thérèse où elle avait déjà travaillé.
Jeanne était une femme de tempérament, libre, au caractère bien trempé, qui n’hésitait pas à dire ce qu’elle aimait et ce qu’elle n’aimait pas. Jeanne aimait sentir, goûter, toucher, rire, tricoter, chanter, faire la fête, vivre tout simplement ! En communauté, elle était une compagne ouverte, attachante, présente au quotidien, pleine d’humour.
A travers ombres et lumières, doutes et certitudes, elle trouvait sa force dans sa foi profonde au Christ ressuscité, dans une grande dévotion à la Vierge Marie et à saint Joseph.
Elle trouvait également sa force dans ses liens forts avec sa famille et ses proches, tout particulièrement son frère Clet, qui était comme son jumeau, avec les nombreuses relations d’amitiés qu’elle a tissées au fil de ses insertions communautaires et qu’elle a cultivées avec tant de fidélité et de joie.
Sa vie s’est brutalement arrêtée lundi dernier, après avoir fêté dimanche ses 87 ans, jour où elle était si heureuse d’avoir vécu tant de moments privilégiés ces derniers temps. Elle nous transmettait que pour trouver le bonheur, il est important de savoir lâcher-prise, s’abandonner, laisser le Christ transformer nos blessures, nos fragilités en semences de vie.
« File da vond » disait-elle dans son cher breton ! « Va de l’avant ! » Merci Jeanne de nous indiquer le cap vers Celui en qui tu as mis toute ta confiance, et de nous rappeler notre vocation qui n’est autre que celle d’apprendre à aimer.
De tout coeur avec ka communaute de Jeanne