Le grand pique-nique de l’espoir

 

Les Filles de Jésus de la Province Angleterre nous montrent leur esprit indomptable. Le Coronavirus a bouleversé les plans de la nation pour commémorer la Victoire en Europe en 1945, mais finalement les célébrations se sont avérées encore plus importantes que prévues.

 

 

L’ennemi frappe à nouveau

 

Si le confinement n’avait pas été imposé à la suite de l’arrivée du Coronavirus, beaucoup d’entre nous auraient commémoré le 75e anniversaire du Jour de la Victoire en Europe, le vendredi 8 mai, avec des fêtes de rue et d’autres célébrations. La commémoration du jour de 1945, où la Grande-Bretagne et ses alliés ont accepté la reddition inconditionnelle de l’Allemagne nazie, aurait dû nous voir rendre grâce dans les cathédrales, et nous rassembler autour des pique-niques géants à travers tout le pays. Hélas, l'”ennemi” a frappé encore, pas les Allemands cette fois-ci, mais le Coronavirus.

 

 

“Nous sommes britanniques et nous sommes magnifiques !”

 

 

Les Britanniques ont cependant fait preuve d’un esprit indomptable. Avec des souvenirs de guerre intacts parmi les vieux, nous avons été à la hauteur du défi. Nous n’allions pas être privés d’une occasion de faire la fête. C’est ainsi que la “fête de rue” est devenue la « fête de “rester chez soi” – pique-niquer dans le jardin et porter un toast aux voisins par-dessus la clôture ! Oui, on avait prévu d’honorer les héros d’hier, de la Deuxième Guerre mondiale, mais maintenant on pouvait aussi honorer les héros d’aujourd’hui. Les gens voulaient rendre hommage à ceux qui risquent leur vie sur la “ligne de front” d’aujourd’hui – le personnel du Service National de Santé, les soignants, les livreurs, les travailleurs dans les magasins d’alimentation ou des transports publics, tous ceux qui ont travaillé pour que la vie continue.

 

L’effort collectif remarquable de la nation pendant la Deuxième Guerre mondiale a trouvé son écho dans l’effort collectif actuel pour rester chez soi et jouer notre rôle dans la lutte contre la pandémie. Il a également trouvé un écho dans le désir de se souvenir de ceux qui sont dans le besoin. Le pique-nique s’est transformé en un effort de collecte de fonds pour aider ceux qui, au Royaume-Uni, luttent en ce temps de crise pour mettre de la nourriture sur la table.

 

Célébrer avec panache

 

Nos Sœurs étaient bien en faveur de tout cela, elles allaient se joindre aux célébrations. Malgré le récent Brexit, les Sœurs de la communauté de Hengist House à Westgate ont montré que la Grande-Bretagne et la France peuvent toujours être des alliés dans le combat :

 

Teresa, Margaret et Mary Clare

 

 

Les Sœurs voisines de la maison de retraite de Lourdes ont passé la journée en grand style:

 

« Le personnel est allé en ville pour faire de cette journée un jour spécial pour nous tous. Nous avons observé les deux minutes de silence avant la messe, nous avions des banderoles, des photos et des Union Jacks (le drapeau national) partout, des nappes et des serviettes rouges, blanches et bleues, du vin etc. Pendant que nous regardions l’émission de la BBC de l’après-midi, ils ont transformé la salle à manger en une fête de rue pour le goûter-dinatoire. Caroline a joué des chansons et des airs du temps de guerre au clavier et nous avons tous chanté et joué des instruments de percussion pendant que certains dansaient autour de notre longue table. On s’est bien amusé et toutes les Sœurs ont pu participer au moins pour une partie de la journée. Après une pause, la salle communautaire s’est à nouveau remplie pour le programme du soir et le message de la Reine ».

 

À Peterborough, vers le nord du pays, les Sœurs de la maison de retraite, Les Erables, restaient plus modestes mais elles méritent un prix pour leur ingéniosité et pour avoir montré comment tirer le meilleur parti des moments difficiles. Chaque résident était invité à se présenter à la porte de son studio, une tasse à la main, pour se faire servir du thé et du gâteau !

 

 

Faire revivre les souvenirs

 

Pour les Sœurs qui ont maintenant 80 ans et plus, cette journée a rappelé des souvenirs de 1945, souvent centrés sur le sentiment de pur soulagement que la guerre arrivait enfin à sa fin, au moins en Europe. Interviewées pour le site :

 

Monica se souvient du sens de l’anticipation :

 

« J’habitais Welling avec ma famille – nous étions cinq enfants puis nous avons été évacués à la campagne, pour vivre dans un village à Isington, Hants, dans une grande maison de campagne. L’école était à Alton et on nous a donné un jour de congé la veille de la signature des papiers.

 

Le soir du jour de la Victoire en Europe, les villageois se sont réunis autour d’un énorme feu de joie dans le champ d’un fermier. Nous avons tous dansé et chanté autour du feu, nous réjouissant du fait que nous étions libres et que nous pouvions avoir de la lumière après toutes ces années de panne de blackout.

 

 

J’avais hâte de :

 

  • rentrer chez moi à Welling, de dormir dans ma propre chambre, dans mon propre lit avec des draps. Dans la maison, nous avions des couvertures de l’armée et des lits de camp.

 

 

  • d’avoir l’eau courante, l’eau chaude, le gaz et l’électricité, et la radio. Dans la grande maison, je n’avais rien de tout cela.

 

 

  • retourner à mon école à Abbey Wood pour retrouver des amis et des voisins que nous n’avions pas vus depuis un an ou deux. La vie était pleine d’espoir et de joie à la perspective de la paix”.

 

 

Pour Helen, c’est le Défilé de la Victoire qui lui est resté en mémoire :

 

“J’avais douze ans quand la Victoire a été déclarée en Europe. Mon père se battait en Afrique, donc je l’attendais à la maison le lendemain, mais ça n’a pas été le cas. Il y a eu une fête de rue, mais comme le rationnement alimentaire était toujours en vigueur, il n’y avait pas beaucoup de nourriture de fête.

 

Plus tard dans la semaine, il y a eu un spectacle de la victoire sur la place à Croxley, avec chaque rue représentée par un char. Ma rue, l’avenue Gonville, n’a pas remporté de prix mais a été hautement recommandée. Je suis allée avec ma famille à Londres pour le Défilé de la Victoire et j’ai vu de nombreux leaders mondiaux célèbres qui avaient participé à la victoire. Puis nous sommes allés au palais de Buckingham, juste à côté de la balustrade, et nous avons crié jusqu’à ce que le roi et la reine sortent avec les deux princesses, dont l’une est notre reine aujourd’hui. La foule était si immense que nous avons dû attendre des heures pour prendre le train de retour à Croxley, mais personne ne s’en est soucié”.

 

 

Alors que Sheelah nous fait penser aux séparations forcées d’aujourd’hui :

 

“Comme Monica – je pense – nous n’avions pas de fêtes de rue là où nous vivions. Tout ce dont je me souviens, c’est d’être allée au cinéma pour voir les célébrations à l’écran. Nous n’avions pas de télévision. Il n’y avait que ma mère et moi à la maison. Bill était dans l’armée en Grèce, Paddy était dans un sous-marin quelque part, Mary n’avait pas encore été libérée de la Force Airienne Auxiliaire de Femmes. Papa était quelque part au Ministère de la guerre. C’est pourquoi maman et moi, nous sommes allées au cinéma. J’ai des souvenirs un peu flous”.

 

 

le Palais de Buckingham le 8 mai 1945 et 2020

 

 

 

Ne jamais abandonner, ne jamais désespérer

 

Beaucoup des Sœurs ont terminé la journée devant la télé à regarder la Reine donner son discours poignant à l’occasion de la Journée de la Victoire en Europe. Cette dernière a partagé ses propres souvenirs du même jour en 1945, alors qu’elle était encore une princesse de 19 ans en uniforme militaire. S’exprimant à la même heure que son père 75 ans plus tôt, elle a déclaré que la pandémie actuelle n’est pas terminée mais qu’elle ressemble à la Deuxième Guerre mondiale dans le sens que :

 

Au début, la perspective semblait sombre, la fin lointaine, l’issue incertaine… mais nous avons gardé la conviction que la cause était juste et cette conviction, comme l’a noté mon père dans son émission, nous a permis de tenir le coup.

 

 

Pour la Journée de la Victoire en Europe 2020, en pleine pandémie dont l’issue est encore incertaine et dont la fin semble encore lointaine, elle nous a transmis ce message d’unité et d’espoir, que nous aimerions partager avec vous tous :

 

 

 

Sr Mary Clare Mason

et les Soeurs de la Province Angleterre

 

 

 

 

 

2 Commentaires

  1. Merci de nous transmettre ce texte si émouvant!
    Bravo de partager avec nous ce que vous vivez aujourd’hui en le comparant à la dernière grande guerre mondiale. C’est juste de dire que nous pouvons comparer cette pandémie à une guerre car nous avons à lutter et à remporter cette bataille.
    Mes compagnes Jacqueline et Rose-Aimée se joignent à moi pour vous remercier.
    De Rimouski, Ursule Beaulieu

    Réponse
  2. Merci pour ce partage du vécu de la fête après le temps de guerre, de la victoire après la souffrance. merci pour l’actualisation de l’événement e d’aujourd’hui vécu à la façon propre de votre culture. En lisant votre relation je me suis réjouis avec vous. Colette

    Réponse

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