Une jeune femme engagée
Sur sa vie, les informations restent fragmentaires. On connaît cependant la date de son entrée dans le Tiers Ordre de St François en 1815. Sans quitter les lieux où elle est née, ni son travail habituel, elle assume désormais les activités propres aux tertiaires :
• Aux enfants, elle apprend la lecture en breton, les prières, le catéchisme.
• Elle soigne les malades et assiste les mourants.
• En l’absence du prêtre, le dimanche, elle préside l’assemblée de prière.
• En tout temps, elle est soucieuse d’entretenir la bonne entente entre les gens.
Perrine apprend à lire le breton et le latin pour chanter à l’église, mais elle ne sait pas écrire.
La Congrégation est née
Sur l’invitation de M.Yves-Marie Coëffic, recteur de la paroisse, Perrine Samson vient au bourg de Bignan, en 1829, pour y prendre la responsabilité de l’école des garçons. En l’appelant à Bignan, M. Coëffic avait probablement autre chose en vue que la tenue de cette école paroissiale.
Sur l’invitation de M.Yves-Marie Coëffic, recteur de la paroisse, Perrine Samson vient au bourg de Bignan, en 1829, pour y prendre la responsabilité de l’école des garçons. En l’appelant à Bignan, M. Coëffic avait probablement autre chose en vue que la tenue de cette école paroissiale.
Dès 1827, une douzaine de petites filles sont déjà groupées à Bignan dans une sorte de pensionnat. Pour s’occuper d’elles, M. Coëffic adjoint à Perrine, en 1829, quelques autres jeunes femmes désireuses de se consacrer à Dieu.
Partant de cette expérience de vie communautaire, le Père Coëffic propose à Perrine de devenir membre d’une congrégation à fonder, dans la ligne du projet du Père Noury. Interrompu par la révolution de 1830, le projet du Père Noury reprend l’année suivante et le noviciat débute le 9 décembre 1831.
Logées d’abord dans une petite et très pauvre demeure, les novices aident les maçons à en construire une nouvelle. Cette maison est encore habitée, de nos jours, par une communauté de Filles de Jésus.
Le 25 novembre 1834, les cinq premières Sœurs, Filles de Jésus, se consacrent à Dieu par les trois vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. Ne sachant pas écrire, Perrine est la seule à signer d’une croix son engagement en vie religieuse. Elle prit le nom de Mère Saint-Angèle et fut nommée la première Supérieure générale de la Congrégation. Dans son projet, M. Noury avait envisagé un costume simple noir et blanc ; à leur profession, les Sœurs adoptèrent la coiffe des femmes de Bignan.
Par cet engagement qui les constitue en corps, chacune lie son sort à celui des autres. Même si les activités demeurent sensiblement les mêmes, chacune accepte désormais de recevoir sa mission comme une participation à celle de la Congrégation naissante des Filles de Jésus. Celle-ci pourra ainsi grandir dans l’unité.
“Filles de Jésus” : un nom qui peut surprendre
Au 19ème siècle, “fille” ne signifiait pas seulement “enfant de Mme et Mr X” mais encore “servante”. Comme on dit toujours “garçon de café”, on parlait de “filles de salle”, de “filles de ferme” au sens d’employées, de femmes de service…
En opposition avec le mot “dame”, le mot “fille” indiquait une condition sociale.
A la suite de Jésus leur Seigneur et Maître, les “Filles de Jésus” veulent garder ce nom lié à leur origine, à leur vocation, à leur identité.
Le Christ Jésus, lui qui, de condition divine n’a pas revendiqué son droit d’être traité comme l’égal de Dieu, s’est dépouillé prenant la condition de serviteur (cf. Ph 2,6-7) pour mettre Dieu au monde.
Une spiritualité d’action
Dès les débuts, la Congrégation naissante se donne une spiritualité orientée vers l’action : “Honorer l’Humanité Sainte du Fils de Dieu…“, contempler Jésus dans son humanité afin qu’à travers toutes leurs activités, les Sœurs soient marquées par le souci de demeurer “proches des gens” et orientées de façon privilégiée “vers les plus pauvres”.
D’autres jeunes filles rejoindront rapidement les premières Sœurs et bientôt des communautés s’ouvriront dans des paroisses avoisinantes qui souhaitaient la présence de religieuses.
Humble jusqu’à la fin
Davantage attirée par une mission de proximité auprès de la population, Perrine Samson, devenue Mère Ste-Angèle, se démet de sa fonction de Supérieure générale en 1837 et reprend son humble service auprès de ses « petits enfants pauvres ». Accablée d’infirmités, elle meurt en 1847 à l’âge de 57 ans.
Elle, que les Filles de Jésus vénèrent comme leur fondatrice, disparait dans l’obscurité. Enterrée dans la fosse commune des sœurs, ses restes n’ont pu être identifiés lors du transfert du cimetière. Sa vie, toute d’humilité et de dévouement, demeure, pour toutes les Filles de Jésus, “une source silencieuse d’inspiration“.