En avril 2015,
la communauté N.D. de Joie
synthétisait pour nous
les découvertes et les réactions
des participantes au premier « pèlerinage »
sur les pas des Poilus.
Aujourd’hui,
nous donnons directement la parole
à celles qui, en avril ou en juin,
ont bien voulu nous livrer l’impact,sur elles,
de ce voyage pas ordinaire.
Ce qui les a frappées ?
- La multitude des cimetières militaires, modestes ou immenses : « Je garde en moi l’image de ces milliers de croix et de stèles dressées ici et là sur ces sites baignés du sang de tant de combattants français, alliés, ennemis ». « Je garderai le souvenir de ces immenses nécropoles…. » « …émotion devant l’immensité des cimetières visités ».
- En même temps, surprise et admiration pour le parfait entretien de tous ces lieux et monuments : « Ce qui me frappe aussi, c’est la reconnaissance du prix de la vie humaine, par ceux qui, de toutes les nations belligérantes, ont voulu et permis la réalisation des monuments à la mémoire de leurs morts ». Et aussi pour la garde d’honneur ininterrompue, assurée à la nécropole de N.D. de Lorette par des bénévoles.
De quoi, ont-elles pris conscience ?
- La réalité de cette guerre :
« La première guerre mondiale, ce n’est plus seulement quelques lignes dans un livre d’histoire… »
« Etre sur les lieux des massacres avec ses pieds, ses yeux et ses oreilles, c’est autre chose ! »
« Pour nous, maintenant, tout devient plus concret et nous réalisons l’horreur et la violence du conflit ».
- Son atrocité :
« J’ai pris conscience du poids de la douleur, de la peur de tous ces combattants dans leurs tranchées, dans le froid, dans la boue, la pluie !».
« Pour moi, un siècle après, je me sentais proche de ces millions de jeunes criant avant de mourir, appelant leur maman ou leurs compagnons ».
« Moment de forte émotion en visitant les citadelles et surtout le « Au fort de Vaux » où la guide a su nous faire partager l’horreur vécue par nos soldats dans ce fort, avant de devoir se rendre ».
«Le fort de Vaux m’a impressionnée plus que le reste : j’imaginais la situation dramatique au fur et à mesure des explications de la guide ».
«J’ai découvert ce qu’étaient les mines : j’ignorais cette horreur ».
« En lisant le témoignage de J. Foutelet ou de Genevoix, on s’imagine les soldats avançant parmi les corps déchiquetés, les râles de leurs camarades, dans les odeurs de putréfaction et on se dit : Comment pouvaient-ils tenir devant une telle barbarie ? »
Et l’on cite textuellement ce Foutelet, futur hôte de notre hôpital de Kermaria : « Quand je pense que, dans le chemin creux, les morts étaient côte à côte ! 300 de mon régiment sur une longueur de 80 à 100 mètres ! Des blessés incapables de s’enfuir étaient là, depuis 3 ou 4 jours, et nous tendaient, quand nous passions, des bras suppliants en demandant à boire… Au fond de Buval, les parapets étaient faits avec des cadavres « boches » et français. Au passage, l’odeur de charnier vous prend à la gorge ! voilà la guerre ! »
- Son absurdité et son caractère scandaleux :
Les chiffres impressionnent et interpellent : rien qu’en France 1 million et demi de morts ! A la 2ème bataille d’Artois 11 200 tués pour un gain dérisoire et provisoire de 6 km ! 102 500 pour 20 km ! Un gouvernement peut-il accepter de sacrifier ainsi toute la jeunesse, et par le fait, la génération future et l’avenir du pays ?
Plusieurs participantes dénoncent la « folie des chefs » qui exigent que les soldats harassés, sales, affamés soignent leur allure et leur tenue vestimentaire pour honorer l’arrivée du général ! « J’en ai eu les larmes aux yeux ; je ne sais pas comment m’exprimer ». «… Prise de conscience de « l’inconscience », de l’entêtement absurde, de la folie, de l’ambition personnelle de certains chefs »
- Son cortège de drames humains :
«soldats fusillés pour l’exemple et leurs familles déshonorées ; traumatisés psychologiques pris pour des simulateurs et condamnés »
Tout cela provoque une émotion profonde.
Les sentiments le plus souvent exprimés sont la « pitié », la « compassion », pour les soldats et leurs familles, mais aussi « l’admiration » et la « reconnaissance » pour ceux qui acceptaient de sacrifier leur vie pour leur pays.
Emotion plus forte encore pour certaines de marcher réellement sur les traces d’un parent tombé au cours du conflit, de voir le paysage qu’il a vu au moment de mourir, de trouver son nom consigné sur un registre ou un mémorial, et surtout découvrir sa tombe. « J’ai senti le besoin d’être seule un moment au Chemin des dames… j’ai eu du mal à quitter ce lieu ; ce fut un moment de communion très forte avec mon oncle, et en même temps le sentiment que, « mort sans sépulture », il était abandonné une fois de plus sur cette terre ». « A N.D. De Lorette, j’ai plongé dans tout le drame qui s’est vécu en ces lieux, en voyant le nom de mon grand-père parmi tous ceux inscrits sur l’Anneau de la paix, et ensuite dans le cimetière, en découvrant sa tombe et près d’elle celle de son frère »
Cette émotion porte au recueillement, à la prière, à la méditation. Au cimetière allemand, parmi les milliers de croix ou de stèles, « un cerisier épanoui de tant et tant de fleurs blanches, promesses de fruits rouges. La mort, la VIE ! Je fermais les yeux pour écouter le silence de ces lieux après tant de cris et de bruit… du fond de mon être montait une prière au Dieu de justice et de paix ».
Autres aspects du voyage
On souligne fréquemment l’intérêt d’un tel « voyage de Congrégation » et de la rencontre avec les familles Hocquet et Millécamps. « J’ai la chance d’être là, avec d’autres sœurs, et d’établir ainsi un lien entre ces lieux et l’accueil trouvé chez nous par ceux qui en venaient ». En résumé, grâce à tous les moyens prévus : « Un voyage « pointu », une préparation faite avec compétence, des commentaires judicieux, des visites bien choisies,…excellente restauration, et que de découvertes ! Le tout dans une ambiance simple et chaleureuse. Bref ! un modèle de voyage ! »
Et après ?
« J’ai une conviction ravivée que la vie est d’un prix inestimable ».
«Après un tel voyage, je verrai d’un œil et d’un cœur plus neufs les monuments et commémorations en l’honneur des morts pour le pays et j’y participerai avec le souci de la paix pour tous les peuples ».
«Ce voyage me redonne le désir de participer à construire la paix dans le quotidien de ma vie ».
« On n’en revient pas comme on était parti ».
« On en restera marqué pour toujours »…
Dernières nouvelles de l’exposition
Elle est définitivement fermée au public depuis le 12 octobre. Panneaux et images restent en place pour l’instant, mais les vitrines sont vidées de leurs objets.
Pour remercier tous nos collaborateurs et collaboratrices bénévoles, une dernière rencontre a eu lieu le 19 octobre. Un bilan d’ensemble a d’abord été présenté verbalement, suivi d’une rétrospective audio-visuelle des actions menées depuis 3 ans, et enfin d’un sympathique et chaleureux apéritif dînatoire. Eux-mêmes ont exprimé leur bonheur d’avoir participé à l’aventure.
C’est un gros travail qui a été fait pour nous aider à nous remémorer ce qui a été vécu durant les guerres. Collaborons afin que l’histoire ne se répète pas!
oh merci pour tout ce travail sur ce voyage du souvenir qui restera gravé dans ma mémoire en pensant a tant de soldats…mort pour rien et avec une telle barbarie….je regarde autrement tous ces monuments aux morts avec une prière intime…..merci à toutes celles qui ont oeuvré pour le déroulement de ce voyage et tous les commentaires si passionnants de Emma…..bon et joyeux Noël a toutes et meilleurs vœux pour la nouvelle année….en communion…sr Monique