Sr Germaine est décédée le 15 décembre 2023 à la communauté de Vaylats à l’âge de 105 ans, dont 73 ans de vie religieuse.
Ses obsèques ont eu lieu le lundi 18 décembre en la chapelle de Vaylats.
Chère Sr Thérèse, comment évoquer le parcours de votre vie qui a traversé plus d’un siècle ? Votre vivacité d’esprit et votre mémoire fidèle vous ont permis de raconter des centaines d’anecdotes savoureuses de votre enfance et de vous rappeler de centaines de visages : vos parents, les membres de votre nombreuse famille restés en lien avec vous, vos élèves, collègues, amis, prêtres et sœurs, sans oublier les habitants de Vaylats… Nous sommes autour de vous aujourd’hui pour célébrer votre passage vers Celui que vous attendiez avec ardeur.
Sr Ste Thérèse, Marie Germaine Bru était née à Cahors le 1er mai 1918.
Son père avait été concierge au séminaire de Cahors et c’est là que ses parents se sont rencontrés. Elle avait une sœur et un frère qui était déjà un jeune homme quand elle était enfant.
La famille est venue vivre à Vaylats à la naissance de Germaine. Son père a alors repris sa profession initiale de cordonnier et marchand de chaussures.
Germaine a grandi à l’ombre du couvent, dans la maison faisant coin à l’angle de la rue du Couvent et la route de Puylaroque. Elle est allée à l’école à deux pas de chez elle, dans le couvent, à St André. On pourrait raconter mille histoires d’enfant : ses visites au couvent pour le plaisir d’atteindre le heurtoir et de recevoir les « miettes d’hosties » que lui donnait Sr St Célerin, au grand dam de sa maman… Elle voyait passer les groupes de juvénistes et partait parfois avec elles pour les promenades du jeudi. Le passage devant la maison des novices, joyeuses et pleines d’entrain, la ravissait aussi : prémices d’une vocation ?
A 12 ans elle part en pension à l’Ecole Ste Jeanne d’Arc à Cahors, ne se doutant pas, bien sûr, qu’elle en assurerait la direction pendant 30 ans !
Elle poursuivra sa formation à l’Ecole normale de Toulouse. A la fin de ses études, la directrice de l’école lui propose un poste à l’école Ste Barbe de Toulouse. Mais, pendant les vacances, Mlle Nonorgues vient saluer ses parents et propose de l’engager à Cahors. Mlle Nonorgues n’est autre que Mère Emilia, future « Juste parmi les justes » à laquelle elle vouait déjà une grande admiration. La demande de Melle Nonorgues est accueillie avec satisfaction car la proximité de Cahors convient à tout le monde.
A 20 ans, Germaine commence donc son métier d’enseignante et l’exercera 4 ans avant de rentrer au noviciat.
En effet, l’appel à la vie religieuse a mûri et s’est confirmé. Après quelques hésitations sur le choix de la congrégation elle décide finalement pour les Filles de Jésus, malgré quelques imperfections qu’elle avait remarquées chez les sœurs. « Où que vous alliez, lui avait dit le jésuite originaire de Vaylats qui la suivait, vous ne trouverez pas la congrégation parfaite ». Elle entre donc à Vaylats et a répété 1000 fois qu’elle ne l’a jamais regretté.
Le jour venu, le 14 août 1942, c’est sur une brouette que son père place sa malle et franchit avec elle la porte du couvent…
Elle se souvient avoir vu, un peu traumatisée d’ailleurs, la Bonne Mère Dorothée, sur son lit de mort en 1925. Elle disait avoir vu se succéder dans le couvent, 8 supérieures générales jusqu’à la date de la fusion avec les Filles de Jésus de Kermaria.
Elle fait profession en 1945
Puis, immédiatement, elle retourne à l’école Jeanne d’Arc de Cahors comme enseignante puis bientôt comme directrice. Elle y restera jusqu’en 1974.
En 1974, elle réside au foyer de jeunes travailleurs de Cahors et Mère Agnès de Jésus lui confie la charge de maîtresse des novices. Elle accepte à condition que le noviciat se fasse, non à Vaylats, mais à Cahors où les conditions de formation lui semblent plus favorables. Elle aura le souci d’une formation solide ouverte aux évolutions de l’Eglise et en prise avec la société et le monde ambiant. Elle fera profiter les novices des formations possibles à Cahors et surtout des internoviviats mis en place à Toulouse. Elle assurera cette responsabilité pendant 7 ans jusqu’à la profession de Sr Elisabeth Blanc en 1981. Elle ne cachait pas que ce furent des années passionnantes.
Après un séjour de deux ans à Vaylats, en 1983, elle part pour Casteljaloux puis résidera 6 ans à la communauté de Négrepelisse d’où elle partira pour 10 années à Figeac. Dans cette ville elle s’engage avec passion dans la vie locale et ecclésiale, faisant partie du Mouvement des Chrétiens Retraités et de divers autres groupes. Elle se fait partout beaucoup d’amis, chrétiens, pratiquants ou incroyants qui lui resteront fidèles en lui rendant visite fréquemment.
Jusqu’à la fin de sa vie, elle a gardé d’étroites et chaleureuses relations avec sa famille par visites, courrier ou téléphone. Mèmène telle qu’on l’appelait, était une référence et un soutien quelles que soient les situations des uns et des autres.
Elle arrive à Vaylats en 2013. Jusqu’au bout il lui a été fait le cadeau d’une grande lucidité et d’une grande ouverture d’esprit et elle disait en rendre grâce à Dieu fréquemment. Reconnaissante pour son grand âge, elle se disait paisible et disponible pour le grand passage.
Ces derniers mois ont cependant été une épreuve de patience et de foi avec des alternances entre clairvoyance et abandon à la volonté obscure de Dieu. Nous croyons qu’elle connaît désormais dans sa pleine lumière et le rayonnement de son amour, Celui à qui elle avait donné sa vie.
Maintenant, Chère Thérèse, veille sur toutes celles et ceux qui ont croisé ta route.
Merci pour ce si bel hommage qui nous a tous réconfortés, en l’honneur de Sœur Sainte Thérèse – prénom d’une première petite sœur trop tôt disparue, qui devint celui de sa sœur de six ans son aînée qui, elle, vécut jusqu’à 100 ans et qu’elle révérait- Sainte au prénom choisi de par la vie édifiante de Thérèse d’Avila et de par le poids supporté par sa sœur aînée à cause du même prénom que la première enfant de leur fratrie.
Le diminutif de Germaine fut Mémaine et le resta pour ses parents…
Merci à tous pour la cérémonie empreinte d’un profond recueillement, sereine et simple qui lui a été offerte. Pierrette
Merci à toutes et tous pour le bel et chaleureux hommage rendu à Sœur Thérèse au cours d’une cérémonie sereine et simple telle qu’elle l’aurait souhaitée au sein d’une foule recueillie.
Baptisée Marie-Germaine, elle avait choisi de prendre le nom de Sœur Thérèse en référence à la vie édifiante de Thérèse d’Avila, et peut-être aussi parce que ce prénom donné par ses parents à une jeune sœur trop tôt disparue, puis difficilement porté par sa sœur aînée quelques années plus tard et qu’elle affectionnait particulièrement, lui permettrait d’occulter la peine provoquée par ce premier deuil dans la famille.
Germaine enfant se nommait elle-même “Mémaine” et le resta… pour ses parents, et son entourage. Merci d’avoir été toi, Mémaine, Sœur Thérèse