Rencontre avec Sr Lise Mazo, sculpteur et peintre

 

Sœur Lise Mazo, nous ouvre son atelier à la Maison provinciale des Sœurs de Kermaria à Rennes. Professeur aux Beaux-Arts de Rennes de 1970 à 1996, assistante du sculpteur Francis Pellerin, elle poursuit ses recherches artistiques pour rendre perceptible ce qui n’est pas matériel, à l’exemple de la vraie lumière ou du souffle de vie. Une démarche créatrice, expression d’une vie de foi.

 

 

Cet article est une version abrégée de l’article’ Sœur Lise Mazo, le sacré en partage’ qui a paru dans la revue ‘Eglise en Ille-et-Vilain’, no 315 janvier 2020. C’est reproduit avec la permission de l’auteur, Véronique Orain, membre de la Commission diocésaine d’Art sacré du diocèse de Rennes, Dol et Saint-Malo. On la remercie chaleureusement.

 

 

 

 

 

Un parcours inhabituel

 

Enfant, alors qu’elle n’avait pas encore dix ans, à la ferme familiale à Pouldreuzic, Lise s’occupait à malaxer la terre pour créer de petits personnages qu’elle laissait sécher au soleil. Tout comme à l’école, Lise aimait les arts plastiques, le dessin et la couleur. Sa vocation, elle la reçoit comme un don. Très tôt, à l’âge de 18 ans, elle est appelée par le Seigneur. « J’ai prononcé mes vœux et suis devenue Sœur de Kermaria, ou Filles de Jésus. J’ai gardé ma passion pour le dessin et la sculpture et j’ai enseigné à Quimper puis à Ploërmel. La congrégation m’a permis avec une autre sœur de rentrer, en 1965, aux Beaux-Arts de Rennes et c’est ainsi que je suis devenue l’assistante du sculpteur Francis Pellerin (prix de Rome en 1944). »

 

Ce parcours, qu’elle nous raconte, comme si tout était déjà écrit, est cependant bien singulier, à la lumière de Vatican II, où des initiatives nouvelles voient le jour. C’est ainsi que Sœur Lise a pu enseigner le modelage et la sculpture, de 1970 à 1980, aux côtés du sculpteur rennais Francis Pellerin, puis jusqu’en 1996. « Mon rôle de professeure était d’aider les jeunes à garder l’enthousiasme et la soif d’absolu qui les caractérisent. » « Il faut armer l’étudiant contre la solitude et l’incompréhension. C’est une formation humaine en même temps que plastique, car l’une des grandes valeurs de l’art est d’amener l’homme à se dépasser lui-même. »

 

« En retraite maintenant depuis presque 15 ans, je continue de créer, comme un souffle, une respiration. Mes petits carnets m’accompagnent dans mon quotidien, mais aussi dans les nuits d’insomnie ; c’est mon langage des signes, à travers leurs corps, qui se plient ou se déploient, s’expriment nos peines et nos joies. »

 

 

 

 

 

La sculpture et le dessin

 

La sculpture et le dessin sont deux volets d’une même expression plastique : « Ma sculpture renvoie à la figure humaine mais se situe au-delà de l’image. C’est un espace contemplatif, une respiration silencieuse. Elle est sans ostentation. » Certaines des sculptures de Lise Mazo peuvent s’apparenter aux décors des voussures et tympans de nos églises romanes où les personnages s’animent dans des espaces contraints.

 

 

 

 

Leur signification nous échappe parfois car nous n’avons plus les connaissances pour y déceler le message. Dans la sculpture de Lise Mazo, il en est un peu de même, de cet alphabet étrange où les gestes des hommes sont à situer au-delà d’une naïveté apparente.

 

 

 

 

La peinture

 

 

Joie de la couleur, sensibilité de la matière picturale. « Comme dans la sculpture, le geste est essentiel ! Je laisse ma main aller. Le sujet vient très vite à s’effacer pour laisser place à des compositions de formes et de couleurs. » « À l’origine, c’est la feuille, dans sa forme la plus élémentaire, sans ornementation superflue. La feuille en tant que signe poussé au maximum d’intensité. Prétexte à une réinvention de l’espace tout en débordant le territoire du réel ! Vibration de la lumière, musique de la couleur. C’est la part du rêve que je veux communiquer. »

 

La lumière, c’est la quête de vérité

 

« Il ne faut pas essayer de provoquer artificiellement la lumière. Elle doit venir de l’intérieur de l’œuvre et capter les forces immatérielles qui l’habitent. En peinture, la lumière naît du rapport juste avec les couleurs. Ce n’est pas quelque chose qu’on ajoute artificiellement, ça vient d’une cohérence plastique entre les différents éléments : formes, couleurs, nuances.

 

C’est souvent l’aboutissement d’un long travail de recherche. On ne crée pas en dilettante, l’amateur, lui, se contente de l’effet. Il y a une grosse différence entre l’effet et la lumière. L’amateur cherche à provoquer artificiellement ce qu’il est incapable de produire autrement. Ce n’est pas une question de style, de figuration ou de sujet, c’est une question de sens, de signifiant, de signe. George Braque disait : « l’art est une blessure qui devient lumière ».

 

 

 

 

 

 

« C’est une ouverture dont on ne connaît pas l’issue. L’important, c’est de la vivre. C’est cette joie intérieure quand on a réussi une œuvre. » Le fait de partager son travail, d’apporter quelque chose à l’autre fait également partie de la lumière de la création. L’œuvre est incomplète tant qu’elle ne vit pas dans le regard de l’autre.

 

 

Par l’art, l’artiste accède à une dimension qui lui échappe et qu’il recherche constamment. On peut appeler cela une dimension spirituelle. « La lumière, c’est cette espérance qu’il y a en nous et qui nous fait aller toujours de l’avant. La lumière, c’est l’aboutissement. Seul Dieu est la vraie lumière. »

 

 

 

 

NOS TÉNÈBRES « Par l’œuvre d’art on manifeste au dehors ce qui est à l’intérieur de nous et cette énergie transfigure nos ténèbres en lumière, nos morts en vie. Nos ténèbres sont nos blessures, traces de notre rencontre avec le réel si hostile parfois, de notre rencontre avec les autres qui nous sont familiers mais aussi parfois étrangers quand ils ne deviennent pas ennemis. Nos ténèbres, ce sont nos peurs, la tentation de l’abandon, la recherche de la tranquillité, s’enfermer dans sa bulle, le narcissisme, la recherche de la reconnaissance, nos égoïsmes d’artistes parfois… »

 

 

LA REPRESENTATION HUMAINE « Le corps devient pour moi un signe, un symbole. Les personnages occupent tout l’espace disponible dans leurs cases de roche ou de terre cuite. Ces petites figures, tantôt solitaires et tantôt regroupées, rêvent, méditent, s’activent, aiment, dansent ou meurent, au gré de ma quête intérieure, des événements qui m’ont marquée, de la sensibilité de mes doigts tout simplement.

 

L’art naît d’une réalité intérieure

 

 

 

Découvrir les créations de Sœur Lise Mazo,

surtout son travail important sur l’art sacré

avant son départ en retraite

sur son site : lisemazo.jimdofree.com

1 Commentaire

  1. merci beaucoup pour ton témoignage, pour les belles oeuvres réalisées et tout ce qui se devine!!!!

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