« On ne peut pas créer si on n’aime pas »
Vie consacrée et sculpture, art et foi : ce n’est pas incompatible
et sœur Lise Mazo en témoigne avec de nombreuses œuvres,
créées pour embellir nos églises.
Notamment celles de St Guénolé, à Concarneau, et de St Alor, à Quimper.
Au 17, rue Magenta, au centre de Rennes, se dresse un bâtiment un peu étrange, d’allure contemporaine. C’est la maison provinciale des sœurs de Kermaria, aussi connues sous le nom de « Filles de Jésus ».
Au plus profond du sous-sol, invisible de l’extérieur, se cache un atelier d’artiste éclairé au zénith par un puits de lumière. C’est là qu’une sœur de la maison, Lise Mazo, s’adonne à sa passion favorite : la sculpture et la peinture. Bien que de proportions vastes, l’espace est si encombré qu’il faut se ménager un passage entre les œuvres qui jonchent le sol.
Des pastels aux franches et chaudes couleurs, des dessins au trait vigoureux respirant la joie de vivre. « Je suis optimiste de nature, » dit Lise Mazo, d’un large sourire, un vrai bonheur dans le regard.
Le modelage était déjà sa première passion de petite fille.
« Je n’avais pas 10 ans, qu’à Kersouron, la ferme de mes parents à Pouldreuzic, on me trouvait souvent occuper à malaxer la terre pour créer des petits personnages que je laissais sécher au soleil. Tout comme à l’école, j’ai toujours aimé le dessin et la couleur. »
Au fil du temps, cet éveil à la créativité aurait pu s’étioler. C’était mal connaître le caractère volontaire de Lise et le fin discernement des religieuses chargées de sa formation. Désireuses de développer les aptitudes et le talent d’une artiste en herbe, elles veilleront à lui donner un solide bagage artistique.
Nommée enseignante à Quimper, elle fréquente un artiste ami de la maison : Monsieur de Bie. Mutée ensuite à Ploërmel, elle poursuit sa formation avec le peintre rennais Pierre Gilles. En 1965, une autre passionnée d’art, Anne-Marie Le Thiec (qui deviendra pendant plusieurs années la déléguée de la commission diocésaine d’art sacré de Vannes), se joint à elle pour s’inscrire à l’Ecole des Beaux-Arts de Rennes. Le professeur de sculpture M. Francis Pellerin remarque la qualité de travail de Lise et lui demande d’être son assistante. Une initiative accueillie positivement par ses responsables.
Décorer nos églises
Pour expliquer la confiance faite à ce projet, Lise Mazo souligne la caractéristique de l’époque : « Nous sommes à une période où l’Eglise, à la lumière de Vatican II, entre dans un temps de renouveau. Des initiatives parfois hardies sont prises. » C’est ainsi que Lise et Anne-Marie vont pouvoir quitter le voile pour s’inscrire aux cours. Plus âgées que l’ensemble des étudiants, elles suscitent une certaine curiosité. « Il paraît que ce sont des bonnes sœurs », dit-on à leur sujet. « Avant que les vieux clichés ne s’effondrent très vite. »
Lise garde de ces quatre années d’études le souvenir précieux de belles rencontres, riches et vraies, qui se poursuivront pour elle dans la même école lorsque, le diplôme national en poche, elle enseignera à son tour le modelage et la sculpture.
« Je garde des étudiants des Beaux-Arts, dit-elle, le souvenir de jeunes ouverts et dynamiques, en recherche d’idéal. Ce n’est pas rien les Beaux-Arts, c’est exigeant. Pour réussir, chacun sait qu’il doit chercher la vérité ou la profondeur. Cela demande d’être soi-même, de développer une vie intérieure. Ces étudiants se posent beaucoup de questions. S’ils ont des dehors parfois fantaisistes, j’ai souvent trouvé chez eux une recherche de spiritualité et d’authenticité. Pendant les cours, tout en travaillant, les discussions allaient bon train, avec parfois des questions d’ordre métaphysique. Les métiers d’art sont une école de vie. On ne peut pas créer si on n’aime pas. C’est la condition pour avancer, se trouver, et découvrir son écriture personnelle. »
En retraite depuis 1996, sœur Lise n’a pas déposé le burin. Les commissions d’Art Sacré la sollicitent. Son atelier est riche de maquettes d’autels, d’ambons et de tabernacles qui viennent décorer nos églises.
Dans le Finistère, l’église Saint-Guénolé de Concarneau et l’église Saint-Alor d’Ergué-Armel (Quimper) lui doivent leur mobilier.
« Le rêve d’un artiste, dit-elle, c’est d’avoir une œuvre au musée.
Pour moi, une église, c’est le plus beau des musées. »
Article tiré de « Eglise en Finistère » n°175
!Felicidades Hna. Lise ! Gracias pro embellecer lo que tocas y combinar la fe y el arte!!