Kermaria, Nazareth…

Monseigneur Laurent Percerou, évêque de Moulins (03) a présidé la fête de St Joseph artisan en ce 1er mai 2017. Voici l’homélie prononcée en après-midi….

« Je voudrais vous parler de Nazareth, ce village où Joseph et Marie ont vécu très concrètement lesMgr Laurent Percerou recommandations de Paul aux Colossiens : « Quelque soit votre travail, faîtes-le de bon cœur comme pour le Seigneur, et non pour les hommes, sachant que vous recevrez du Seigneur l’héritage en récompense. » Nous sommes d’ailleurs un peu ici à Nazareth ! Le nom même de Kermaria, « village de Marie », cette chapelle dédiée à Joseph… Et nous savons bien que ce n’est pas un hasard… Sœur Marie de St Charles, alors que la congrégation des Filles de Jésus n’avait que quelques années, invitait la Communauté des sœurs à vivre de l’esprit de Nazareth et elle avait placé la congrégation sous le patronage de St Joseph. Nous sommes tous heureux d’être avec vous, mes sœurs, en ce 1er mai pour faire pèlerinage dans ce « Nazareth breton » et prier St Joseph à toutes nos intentions. Cet esprit de Nazareth, il est un programme de vie, un programme de vie pour chacun de nous, alors prenons le temps de le détailler.

Les années de Nazareth sont pour Jésus les années de l’enfouissement, 30 ans sur lesquels nous ne savons rien mais 30 ans pourtant décisifs parce que c’est là, dans ce modeste village de Galilée, que Jésus grandira sous la vigilance de Marie et de Joseph : il grandira en taille et en sagesse nous dit l’Évangile, il grandira dans son amour pour le Père, dans ce lien si particulier et unique qui lui fait découvrir peu à peu qu’il est le Fils bien aimé, le Messie attendu, le visage même de Dieu, ce qui lui fera dire « qui m’a vu a vu le Père » et encore « mon Père et moi, nous sommes un ». Pourtant Nazareth n’avait rien d’un grand centre intellectuel, aucune grande école rabbinique, nul rabbin de renom bien au contraire ! Souvenez-vous, dans l’Evangile de Jean, Philippe, après avoir rencontré Jésus, va trouver Nathanaël et il lui dit : « Celui de qui il est écrit dans la Loi de Moïse et dans les prophètes, nous l’avons trouvé, c’est Jésus, le fils de Joseph de Nazareth », Nathanaël répond alors : « de Nazareth, peut-il sortir quelque chose de bon ? »

Tel est le chemin de l’incarnation : celui de l’enfouissement dans un village modeste et méprisé. Dieu qui prend chair en un nazaréen, alors que son Temple est à Jérusalem, en Judée… Il aurait au moins pu naître dans une famille de grands prêtres du temple, de scribes ou de pharisiens influents… Il vit et grandit dans une bourgade sans renom d’une région peu considérée. Voilà qui donne tout son sens à cet Esprit de Nazareth.

Si nous prenons au sérieux cet enfouissement de Jésus à Nazareth, si donc nous prenons au sérieux son incarnation, nous devons prendre au sérieux cette humanité dans laquelle Dieu s’est révélée. Depuis le jour de l’Annonciation, tout homme, toute femme, est devenue icône du Christ, visage de ce Dieu qui s’est révélé dans un nazaréen au bout du compte bien ordinaire, nous le disions ce matin… Honorer son humanité sainte sera donc honorer l’humanité tout simplement, cette humanité ordinaire qui est devenue sainte parce que sauvée par Lui. Honorer son humanité sainte sera donc accepter l’enfouissement dans cette humanité pour qu’elle se découvre habitée par le Fils de Dieu, au prise avec son amour capable de tout renverser même la mort. Honorer son humanité sainte sera donc se laisser saisir par l’Esprit de Nazareth.

La mission de l’Église, et donc de chaque baptisé, est de vivre au souffle de l’Esprit de Nazareth, celui-là même qui habitait le cœur de Marie et de Joseph. Ils élevèrent Jésus, sans faire de bruit, au cœur d’un village méconnu, partageant et lui faisant partager la vie quotidienne de la population de Nazareth, l’ouvrant ainsi à sa mission de Fils de Dieu. L’Église a mission d’ouvrir les cœurs à la tendresse du Père manifestée en Jésus-Christ et de signifier ainsi qu’il est bien le Vivant, qu’il est un compagnon fidèle et sûr, celui qui donne sens à l’existence quand bien même celle-ci est marquée par les épreuves et les échecs.

L’Église doit donc accepter l’enfouissement en pleine pâte humaine et servir humblement, à la suite du Christ, les hommes et les femmes auprès de qui elle est envoyée.

Vivre l’enfouissement sera donc «entrer» en compagnonnage avec nos contemporains pour révéler le Christ et le manifester. Et cela ne se fait pas par de grandes déclarations mais par le partage des soucis et des tracas de ceux qui sont au travail ou qui en cherchent, de ceux qui sont touchés par le poids des années ou par la maladie, c’est être proche et à l’écoute des enfants et des jeunes et être soucieux de leur construire un monde où ils puissent vivre bien, voilà où nous conduit l’Esprit de Nazareth. Parce que notre témoignage parlera du ressuscité à la condition que, comme l’écrivait Paul aux Colossiens, « Tout ce que nous pouvons dire ou faire, nous le fassions au nom du Seigneur-Jésus, en rendant grâce par lui à Dieu le Père. »

Oui, nous avons tous à vivre cet esprit de Nazareth, nous avons tous à être des signes du Christ qui s’est fait compagnon de route de cette humanité dont une trop grande partie est blessée, souffrante, ignorée, en empruntant le même chemin que lui, c’est-à-dire le chemin du don gratuit. L’Esprit de Nazareth, vous l’aurez compris, nous renvoie à l’essentiel : annoncer l’Évangile n’est pas faire tomber d’en haut un message aussi beau et grand soit-il mais bien d’éveiller les cœurs à la présence du ressuscité qui est là, en chacun. Que l’humble Joseph qui a su s’effacer pour que grandisse le Fils de Dieu nous aide à servir en vérité nos frères afin qu’ils découvrent en Jésus Christ le grand frère qui les conduit vers la vraie vie. »

Mgr Laurent PERCEROU

1 Commentaire

  1. Merci pour l’approfondissement du Mystère d’incarnation.

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