« Je suis perdue »

Les Sœurs de la communauté «des Tatras», Rennes (France) nous partagent l’expérience d’accompagnement d’Isabelle.

Depuis déjà de nombreuses années, la communauté de Filles de Jésus habite une maison particulière dans le quartier du Blosne à Rennes Sud. Les Sœurs sont proches des voisins et elles portent une attention particulière à Isabelle*, une dame âgée qui perd progressivement la mémoire.

*Le nom de la personne a été changé.

 

 

Une solitude rencontrée

Isabelle fêtera ses 93 ans cette année. Ne lui demandez pas son âge, elle ne le connaît plus mais elle saura vous dire : «Je suis née le 11 octobre 1928».Veuve depuis longtemps, elle a perdu, voici bientôt quatre ans, son fils unique, handicapé, que les sœurs recevaient régulièrement. Elle est donc seule aujourd’hui. Deux nièces s’occupent d’elle, mais elles demeurent à distance. De nature plutôt timide, Isabelle n’a que peu de relations avec les voisins, elle n’a pas d’amis. Elle nous dit souvent : «Je n’ai que vous». Les voisins immédiats veillent tout de même discrètement…

Depuis longtemps déjà, Isabelle se rendait chaque jour en ville prendre ses repas de midi. Elle était connue des restaurateurs. Elle faisait ensuite un tour dans les magasins, «histoire de voir du monde», disait-elle.

 

Une solitude aggravée par le confinement

Le premier confinement l’a bien perturbée. Une nièce a demandé, pour elle, le portage de tous ses repas. Ceux-ci lui sont livrés à la maison. Le même service dure encore aujourd’hui. Heureuse initiative, sans doute, mais aussi aggravation de sa solitude. Nous l’invitions parfois à prendre un repas chez nous. Avec le confinement, puis les nombreuses précautions à prendre, nous ne le faisons plus, même s’il nous arrive, tout de même, de lui offrir un goûter après une promenade. Nous souhaitons cependant la soutenir au maximum. Depuis mars 2020, Lisette, seule ou avec Madeleine, chaque jour ou presque, l’accompagne pour une promenade d’une heure sur le C.R.A.P.A (Circuit Rustique pour Activités Physiques Aménagé) réservé aux piétons et aux cyclistes. C’est son soleil de la journée. D’autres promeneurs nous saluent, parfois se joignent à nous.

 

Une mémoire de plus en plus fragilisée

Elle oublie son masque, ne le retrouve pas, ne sait plus où sont ses prothèses auditives, n’a pas changé les piles…

Elle sait, en général, que le samedi est la veille du dimanche et que nous la conduisons aussi à la messe dominicale. Elle vient chez nous se renseigner pour savoir à quelle messe nous participerons le samedi ou le dimanche. Un samedi, elle est venue trois fois. Très délicate, elle s’excuse lorsqu’elle se rend compte de son erreur. Elle répète alors «Excuse-moi, je te dérange»…

Dommage que sa mémoire régresse. Elle est encore alerte pour son âge. «C’est parce que je marche beaucoup» dit-elle. Sans doute. C’est une personne agréable, pleine d’humour. Elle nous surprend souvent par ses réparties pleines d’esprit.

 

 

 

 

Une «leçon» pour notre vie

Sa présence est pour nous l’occasion d’exercer la patience et une prise de conscience de ce que nous serons peut-être… Elle fait naître en nous une grande humilité.

 

Les Sœurs de la communauté « des Tatras » , Rennes, France

1 Commentaire

  1. Merci beaucoup de partager avec nous cette expérience de soutien fraternel, riche de tendresse et de présence anoureuse.
    Ursule Beaulieu, fj, Rimouski, Canada

    Réponse

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